Description du livre Vendredi ou les Limbes du Pacifique : Un trou noir dans l'océan - 0 internautes sur 0 ont trouvé ce commentaire utile.Un trou noir dans l'océan
Par Claude Lorrain
Michel Tournier aimait les enfants, c’est l’un des aspects les plus manifestes de son œuvre, et peut-être la face la plus funeste de sa vie. Quelque part entre André Dhà´tel et Tony Duvert, il s'inscrit dans une veine littéraire célébrant l’enfance, qui fit florès au siècle dernier. Ainsi Robinson, devenu quinquagénaire, et abandonné par Vendredi, prend-il sous sa protection un garçon d’à peine douze ans, petit mousse mené à la garcette qui trouve refuge auprès de lui, et qu’il nomme Jeudi (lorsque parut Vendredi ou Les Limbes du Pacifique, il y aura bientà´t un demi-siècle, le jeudi était encore « le dimanche des enfants », et ce sont les derniers mots du livre).Après un magnifique prologue, nous découvrons l’île de la désolation, à 600 km en face du Chili. Le jeune Robinson, vingt-deux ans, marié et père de deux enfants, s’y trouve jeté dans la déréliction la plus complète, à la suite du naufrage de la galiote La Virginie sur laquelle il avait embarqué à Lima. « Malheur à celui qui est seul » dit L’Ecclésiaste. Condamné à une solitude qui semble ne lui laisser le choix qu’entre la folie et le suicide, le naufragé connaît une régression vers l’infrahumain, l’animalité (« (…) il ne se déplaçait plus qu’en se traînant sur le ventre (…) il mangeait, le nez au sol, des choses innommables. Il faisait sous lui et manquait rarement de se rouler dans la molle tiédeur de ses propres déjections »), avant de se ressaisir puis d’opérer ensuite une profonde métamorphose. Sa "réhumanisation" précède en effet une nouvelle "déshumanisation" (idée d'éteindre en soi l'humain-trop-humain), dans une perspective héliophanique (« Soleil, délivre-moi de la gravité », telle est sa prière), conjuguée à un rêve d’androgynie (désir de dépasser la différence sexuelle et de désimpliquer sexualité et génération).Conteur plein d’inventivité, épris d’insolite et de merveilleux, et volontiers malicieux sinon farceur, M. Tournier, qui ne craint pas les choses tirées par les cheveux ni de prendre le monde à rebrousse-poil, le professe : ce qui est intérieur n’existe pas. « Je ne suis qu’un trou noir » consigne Robinson dans son log-book, "journal intime" auquel pour sa part le romancier se refusait. Ayant formellement dénié toute portée autobiographique à son œuvre, oùil n’aurait fait qu’inventer des histoires, chaque page se trouve parfaitement sous contrà´le, sans laisser-aller, sans négligence, sans faiblesse, sans la moindre facilité, sans rien de spontané, d’improvisé ni de laissé au hasard, tout y paraissant rigoureusement, minutieusement et même laborieusement calculé (nous ne sommes pas en présence d’un flux narratif qui autoriserait une lecture cursive), et ce verrouillage, c'était lui.Comme s’il avait nourri l’ambition de tenir sa revanche sur une université qui ne lui avait pas ouvert ses portes, et de lui prouver qu’il n’en eà»t pas été indigne, il multiplie dans son premier roman les références philosophiques plus ou moins implicites, aux échos spinozistes, cartésiens, leibniziens, sartriens et surtout nietzschéens, citant d'abondance la Bible, unique lecture de Robinson, fils de quacker. Sans suivre forcément Gilles Deleuze, ami de jeunesse du romancier, dans des spéculations un peu fumeuses, même si la postface "Michel Tournier et le monde sans autrui" a le mérite de ne pas contourner la question de la perversion, sans doute convient-il de ne pas surinterpréter philosophiquement un texte qui renvoie surtout à l’idiosyncrasie de son auteur, plus réellement écrivain que véritablement philosophe.Conçu avec l’ambition d’une allégorie morale (nettement influencée par Lévi-Strauss) réprouvant la cupidité et la violence du monde dit civilisé, et nourri par un travail de documentation considérable, Vendredi ou Les Limbes du Pacifique, dont la langue excelle dans la description de phénomènes naturels et d’éléments matériels (on songe à Julien Gracq), réussit à créer un monde. Et quel monde ! Sous un ciel céruléen, on s’y nourrit de rondelles de serpent accompagnées de sauterelles, de filets de tortue aux myrtilles !PS : l’éditeur propose page 127 une note identifiant l’orchidée Ophrys bombyliflora (!), mais c’est bien la seule note de bas de page de ce volume, qui laisse au lecteur le soin de s’accommoder, grâce à Wikipédia, d’une cinquantaine de mots rares spécifiques à différents domaines (botanique, ichtyologie, navigation à voile, etc.). Vendredi ou les Limbes du Pacifique a été écrit par Michel Tournier qui connu comme un auteur et ont écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. Vendredi ou les Limbes du Pacifique a été l'un des livres de populer sur 2016. Il contient 288 pages et disponible sur format . Ce livre a été très surpris en raison de sa note rating et a obtenu environ avis des utilisateurs. Donc, après avoir terminé la lecture de ce livre, je recommande aux lecteurs de ne pas sous-estimer ce grand livre. Vous devez prendre Vendredi ou les Limbes du Pacifique que votre liste de lecture ou vous serez regretter parce que vous ne l'avez pas lu encore dans votre vie.
Par Claude Lorrain
Michel Tournier aimait les enfants, c’est l’un des aspects les plus manifestes de son œuvre, et peut-être la face la plus funeste de sa vie. Quelque part entre André Dhà´tel et Tony Duvert, il s'inscrit dans une veine littéraire célébrant l’enfance, qui fit florès au siècle dernier. Ainsi Robinson, devenu quinquagénaire, et abandonné par Vendredi, prend-il sous sa protection un garçon d’à peine douze ans, petit mousse mené à la garcette qui trouve refuge auprès de lui, et qu’il nomme Jeudi (lorsque parut Vendredi ou Les Limbes du Pacifique, il y aura bientà´t un demi-siècle, le jeudi était encore « le dimanche des enfants », et ce sont les derniers mots du livre).Après un magnifique prologue, nous découvrons l’île de la désolation, à 600 km en face du Chili. Le jeune Robinson, vingt-deux ans, marié et père de deux enfants, s’y trouve jeté dans la déréliction la plus complète, à la suite du naufrage de la galiote La Virginie sur laquelle il avait embarqué à Lima. « Malheur à celui qui est seul » dit L’Ecclésiaste. Condamné à une solitude qui semble ne lui laisser le choix qu’entre la folie et le suicide, le naufragé connaît une régression vers l’infrahumain, l’animalité (« (…) il ne se déplaçait plus qu’en se traînant sur le ventre (…) il mangeait, le nez au sol, des choses innommables. Il faisait sous lui et manquait rarement de se rouler dans la molle tiédeur de ses propres déjections »), avant de se ressaisir puis d’opérer ensuite une profonde métamorphose. Sa "réhumanisation" précède en effet une nouvelle "déshumanisation" (idée d'éteindre en soi l'humain-trop-humain), dans une perspective héliophanique (« Soleil, délivre-moi de la gravité », telle est sa prière), conjuguée à un rêve d’androgynie (désir de dépasser la différence sexuelle et de désimpliquer sexualité et génération).Conteur plein d’inventivité, épris d’insolite et de merveilleux, et volontiers malicieux sinon farceur, M. Tournier, qui ne craint pas les choses tirées par les cheveux ni de prendre le monde à rebrousse-poil, le professe : ce qui est intérieur n’existe pas. « Je ne suis qu’un trou noir » consigne Robinson dans son log-book, "journal intime" auquel pour sa part le romancier se refusait. Ayant formellement dénié toute portée autobiographique à son œuvre, oùil n’aurait fait qu’inventer des histoires, chaque page se trouve parfaitement sous contrà´le, sans laisser-aller, sans négligence, sans faiblesse, sans la moindre facilité, sans rien de spontané, d’improvisé ni de laissé au hasard, tout y paraissant rigoureusement, minutieusement et même laborieusement calculé (nous ne sommes pas en présence d’un flux narratif qui autoriserait une lecture cursive), et ce verrouillage, c'était lui.Comme s’il avait nourri l’ambition de tenir sa revanche sur une université qui ne lui avait pas ouvert ses portes, et de lui prouver qu’il n’en eà»t pas été indigne, il multiplie dans son premier roman les références philosophiques plus ou moins implicites, aux échos spinozistes, cartésiens, leibniziens, sartriens et surtout nietzschéens, citant d'abondance la Bible, unique lecture de Robinson, fils de quacker. Sans suivre forcément Gilles Deleuze, ami de jeunesse du romancier, dans des spéculations un peu fumeuses, même si la postface "Michel Tournier et le monde sans autrui" a le mérite de ne pas contourner la question de la perversion, sans doute convient-il de ne pas surinterpréter philosophiquement un texte qui renvoie surtout à l’idiosyncrasie de son auteur, plus réellement écrivain que véritablement philosophe.Conçu avec l’ambition d’une allégorie morale (nettement influencée par Lévi-Strauss) réprouvant la cupidité et la violence du monde dit civilisé, et nourri par un travail de documentation considérable, Vendredi ou Les Limbes du Pacifique, dont la langue excelle dans la description de phénomènes naturels et d’éléments matériels (on songe à Julien Gracq), réussit à créer un monde. Et quel monde ! Sous un ciel céruléen, on s’y nourrit de rondelles de serpent accompagnées de sauterelles, de filets de tortue aux myrtilles !PS : l’éditeur propose page 127 une note identifiant l’orchidée Ophrys bombyliflora (!), mais c’est bien la seule note de bas de page de ce volume, qui laisse au lecteur le soin de s’accommoder, grâce à Wikipédia, d’une cinquantaine de mots rares spécifiques à différents domaines (botanique, ichtyologie, navigation à voile, etc.). Vendredi ou les Limbes du Pacifique a été écrit par Michel Tournier qui connu comme un auteur et ont écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. Vendredi ou les Limbes du Pacifique a été l'un des livres de populer sur 2016. Il contient 288 pages et disponible sur format . Ce livre a été très surpris en raison de sa note rating et a obtenu environ avis des utilisateurs. Donc, après avoir terminé la lecture de ce livre, je recommande aux lecteurs de ne pas sous-estimer ce grand livre. Vous devez prendre Vendredi ou les Limbes du Pacifique que votre liste de lecture ou vous serez regretter parce que vous ne l'avez pas lu encore dans votre vie.
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- Le Titre Du Livre : Vendredi ou les Limbes du Pacifique
- Nom de fichier : vendredi-ou-les-limbes-du-pacifique.pdf
- Format original : E-Book, Hardcover
- Taille du fichier : 12.12 KB
- Nombre de pages de l'édition imprimée :288 pages
- Editeur : Michel Tournier
- Vendu par : Gallimard ()
- Langue : Français
- Genre : Auteurs de A à Z
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